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AVANT-PROPOS
Les conditions de développement d'un chiot dès sa naissance (et même avant) sont déterminantes pour le comportement futur de ce chiot vis à vis de son environnement humain et animal. La plupart des chiens (y compris les chiens inscrits au LOF), sont achetés essentiellement pour la compagnie et, si l'acheteur peut être parfois déçu par la morphologie du chien (surtout dans un pays comme la France où il existe un examen de confirmation), il l'est le plus souvent par le comportement de ce même chien. Sur ce point, il est bon de balayer une fois pour toutes certaines idées reçues qu'on trouve dans de nombreux manuels concernant les races canines et qu'on est amené à consulter quand on recherche un animal correspondant à son idéal. • Il est faux de croire que chaque race possède un caractère précis ; il y a, certes, des constantes qu'on peut retrouver dans telle ou telle race, mais il n'empêche que les variations dans une même race d'un sujet à l'autre sont considérables. • Il est faux de considérer qu'un chien a un comportement propre à sa race. Nous verrons que le mode d'élevage du chiot et une bonne prise en charge par le maître après son acquisition, sont des paramètres beaucoup plus importants quant au comportement futur du chiot que des considérations purement génétiques. Le comportement du chien résulte donc de trois influences qui sont : • l'apport génétique (dans une proportion infime), • les conditions du développement qui dépendent de l'éleveur et de la pris en charge du chiot dès sa naissance jusqu'à ce qu'il quitte l'élevage vers 2 ou 3 mois, • ainsi que les conditions du développement qui dépendent du contrôle apporté par l'éducation. |
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Vodoo du Bois de Saint-Cyr sur son beau tracteur |
LES PÉRIODES DE DÉVELOPPEMENT DU CHIOT
Elles sont les suivantes :
Cette période commence du 45ème jour de gestation jusqu'à la naissance.
Si elle a une durée très courte qui se situe avant la naissance du chiot, on peut tout de même observer que le chiot, in utero, est sensible aux bruits et au toucher qui passent à travers la paroi abdominale de la mère ; ainsi, un mouvement brusque sur le ventre de la mère entraîne un mouvement du fœtus qui peut, parfois, sursauter et il est donc vivement recommandé de laisser une chienne gestante au calme et de la soustraire aux jeux trop violents avec les autres chiens de l'élevage.
Elle va de 0 à 15 jours.
Le chiot naît sourd et aveugle et possède uniquement un réflexe de fouissement et de succion. Il enfouit son museau dans toute surface chaude et creuse et cherche à téter tout ce qui s'approche.
À ce stade, il ne connaît pas sa mère et s'attache à n'importe quelle nourrice, tandis que la mère est d'emblée attachée à sa progéniture.
C'est la phase du développement des sens qui est une période de transition. Le chiot ouvre les yeux et découvre sa mère à laquelle il s'attache. C'est donc la phase de L'ATTACHEMENT qui permet l'apaisement du chiot et de L'IMPRÉGNATION : il découvre à quelle espèce il appartient.
C'est la période de SOCIALISATION.
Cette phase est la plus importante : c'est la phase des apprentissages fondamentaux qui vont marquer sa vie future. L'intégralité de ses sens est acquise et il est capable de voir, entendre et peut découvrir le monde qui l'entoure. Ainsi, l'environnement devient très important de même que la présence de la mère.
Les apprentissages essentiels sont :
a) les autocontrôles : vers 5 semaines environ le chiot doit avoir acquis la morsure inhibée grâce à l'éducation conduite par la mère.
b) les codes de communication : vers 4 semaines, il remue la queue quand il se sent bien.
c) la hiérarchisation : au moment du sevrage, les chiots se dirigent vers les repas des adultes, et, en tous cas, de leur mère qui les accueille par des grognements et des coups de gueule.
Une partie de cet apprentissage est faite à l'élevage par la mère d'une part et par l'éleveur d'autre part.
Le chiot quitte donc l'élevage au milieu ou à la fin de la période de socialisation et on aperçoit immédiatement l'intérêt d'acquérir un chiot qui n'a pas été séparé trop tôt de sa mère et auprès d'un éleveur qui a participé activement à la socialisation du chiot en lui procurant un environnement riche.
L'éleveur participe en effet à la socialisation du chiot par des moyens sonores et tactiles.
Il convient de mettre le chiot en contact avec d'autres espèces, avec des enfants et avec des adultes différents.
La limite à une telle action est le risque de contamination du chiot qui n'est protégé contre certaines maladies qu'après sa deuxième vaccination c'est à dire après l'âge de trois mois.
Tout l'art de l'élevage consiste à gérer cette évidente contradiction de façon à livrer un chiot en bonne santé et déjà socialisé, habitué aux enfants, aux adultes inconnus, à d'autres animaux et à un environnement nouveau c'est à dire un chiot prêt à s'insérer, sans difficultés majeures, dans le foyer et y faire ses apprentissages qu'il s'agisse de la propreté, l'obéissance, la sociabilité aussi bien avec les humains qu'avec les autres animaux et la soumission à ses maîtres.
LE CHIEN BÉBÉ
1 - La propreté
L'apprentissage de la propreté doit commencer dès l'arrivée du chiot à la maison.
Le chiot doit être sorti souvent et notamment après la prise des repas. Il faut l'inciter à faire ses besoins dans différents types de sol : gazon, béton, etc. Dès que le chiot s'est soulagé, il est judicieux de le récompenser d'une caresse ou d'une friandise, mais il faut éviter de le rentrer immédiatement, car il associerait le fait de se soulager à la fin de la promenade et risquerait de se retenir pour prolonger cette promenade, au risque de finalement faire ses besoins une fois rentré à la maison.
Il est bien sûr laborieux de sortir le chiot avec une telle fréquence et, le journal à la maison lui permet d'éviter de souiller d'autres endroits d'une façon anarchique. Néanmoins, le chiot risque de prendre l'habitude de se soulager sur ce journal et il sera difficile, ensuite, de lui faire comprendre qu'il doit faire ses besoins dehors. L'idéal, difficile à réaliser, serait donc de sortir avec un journal imprégné de son odeur et de mettre ce journal à l'endroit où on souhaite que l'animal se soulage, mais cette méthode n'est pas toujours évidente à mettre en pratique. Aussi pensons-nous qu'il peut être intéressant de rapprocher peu à peu le journal de la porte de sortie, tout en le laissant dans l'intérieur de la maison.
Il est impératif de ne pas gronder l'animal qui s'est soulagé à moins de le prendre sur le fait, dans le cas contraire, il ne comprendra pas. Si vous le prenez sur le fait, vous le saisissez par la peau du cou en disant un « non » énergique et en le sortant dehors immédiatement. Il est déconseillé de nettoyer en présence du chiot qui comprendrait, dans le cas contraire, que ses besoins intéressent tout le monde, d'autant plus que le fait de vous accroupir pour nettoyer peut être interprété comme un jeu.
La propreté doit être acquise vers l'âge de 6 mois.
C'est un point capital du développement du chiot. Au cours de ses jeux sociaux, vers l'âge de 5 semaines, le chiot a tendance à serrer plus ou moins fort tout ce qui lui tombe sous la gueule, y compris la main de l'homme ou celle de ses frères et sœurs de portée.
La mère apprend à ses chiots à moduler leur mâchoire, à maîtriser leur impulsion et à ne pas faire mal. L'acquisition de la morsure inhibée doit être faite à 6 semaines. Si la mère n'a pas été suffisamment présente, le chiot risque d'être plus difficile à éduquer et d'être plus agressif par la suite.
Lors de son arrivée dans le foyer d'accueil, le chiot est parfois déboussolé car il vient de quitter sa fratrie et se retrouve dans un environnement inconnu de lui. Il est donc impératif de l'aider à prendre ses repères sans pour autant le laisser aller où il veut. Il faut, au contraire, se situer dans la continuité de ce que la mère avait commencé afin d'être en quelque sorte le nouvel être d'attachement pour le chiot et pouvoir lui imposer, par la suite, une fois la confiance recréée, les règles de vie de la maison.
Le couchage : Vous pouvez mettre le chiot dans votre chambre mais cela ne peut être que provisoire et il faudra l'obliger à sortir vers 4 mois, comme la mère chien repousse ses petits en dehors du nid vers cet âge, afin de lui permettre d'affronter le monde extérieur.
Les repas : Très tôt, la mère met en place une hiérarchie alimentaire et fait comprendre à ses chiots que les adultes dominants mangent en premier et ne souhaitent pas être dérangés. Le jeune doit apprendre à manger vite s'il ne veut pas que les adultes dominants lui prennent sa nourriture. Votre chiot doit donc manger ce que vous lui présentez, à l'heure que vous avez choisie et dans un temps limité. S'il ne termine pas, enlevez la gamelle. Il doit manger après vous, dans un environnement calme et ne doit bien sûr pas quémander pendant vos repas.
La circulation dans les lieux familiers : Vous devez très tôt lui signifier les limites qu'il ne doit pas franchir comme dans la meute où le chiot est rappelé à l'ordre pas sa mère quand il s'éloigne des zones autorisées.
Le chiot se développe mieux dans un milieu stimulant.
Plus il rencontre des situations variées, plus il sera capable de gérer ces mêmes situations durant le reste de sa vie.
Il doit donc connaître très tôt des lieux variés, des personnes différentes, des bruits divers dans la maison et à l'extérieur, des manipulation physiques, des contacts sociaux multiples et notamment des jeux avec des animaux de plusieurs races (chats par exemple) et des modes de transport.
Le chiot doit être manipulé le plus possible ; il faut le retourner souvent pour qu'il adopte une posture de soumission de même qu'il faut lui imposer de s'immobiliser pour qu'il contrôle sa motricité.
Enfin, il faut favoriser les rencontres avec d'autres chiots et d'autres adultes et non pas le prendre dans vos bras dès qu'un chien arrive en face car il comprendra que le chien en question constitue un danger et risquera d'être agressif avec ses congénères le reste de sa vie.
LE CHIEN À 4 MOIS
Dès que le chiot est bien intégré dans le milieu familial, il y a lieu de commencer des séances d'obéissance afin de mettre en place des acquis et d'en faire un chien facilement gérable en toute circonstance.
Éduquer un chien consiste à lui apprendre à acquérir des comportements normaux à l'âge adulte et à pouvoir s'insérer dans la famille sans avoir de problème ni avec les humains ni avec les congénères.
En revanche, le dressage correspond à l'acquisition de comportements appris et artificiels dans l'intérêt du maître mais sans base naturelle dans une vie en meute.
Les principaux ordres de base sont « assis », « couché », et « au pied ».
Les actions de base sont la marche au pied et marche en laisse.
Ces exercices doivent être instaurés de façon ludique et régulière. Le chien n'est accessible qu'à un nombre de mots limités et il est essentiel d'utiliser toujours les mêmes mots brefs.
La récompense est l'acte par lequel le maître signifie à son chien qu'il a bien agi et doit reproduire le même comportement en pareille circonstance ; elle doit être instaurée en fin d'acte, être agréable et être systématiquement appliquée.
La punition est l'acte qui doit permettre de faire comprendre au chien qu'il ne doit pas reproduire tel comportement dans telle ou telle circonstance. Elle doit être appliquée en début d'acte, doit être désagréable et ne doit pas être appliquée sans suite. Il faut terminer sur une note positive et, après la fuite ou la soumission, il faut rappeler le chien et le caresser.
Vers 4 mois, l'attachement du chiot à l'égard du maître qui a fait suite à l'attachement à la mère ne doit pas persister. Il doit faire place à un attachement au groupe social ; le chien devient autonome et il y a donc des règles à respecter pour l'aider.
Ce qu'il faut faire :
• le mettre seul dans la pièce de couchage plusieurs fois par jour, même si vous êtes sur place,
• l'envoyer se coucher quand il vous suit de façon insistante,
• l'ignorer dix minutes avant votre départ quand vous sortez de la maison et ignorer les manifestations de joie quand vous rentrez afin de lui apprendre à se contrôler.
Ce qu'il ne faut pas faire :
• lui dire longuement au revoir,
• accepter la fête du retour,
• le laisser vous suivre partout quand vous êtes de retour.
LE CHIEN À 6 MOIS
Cette période correspond à l'adolescence.
Le chiot arrive progressivement à la puberté. À cet âge, les acquis indispensables sont les suivants :
• propreté jour et nuit,
• un bon contrôle de motricité : le chien doit rester calme, jouer sans tout détruire, ne pas faire mal avec ses dents,
• un comportement exploratoire serein qui l'amène à avoir une bonne curiosité de toutes les nouvelles situations et une indifférence devant les situations urbaines courantes,
• des habiletés sociales développées et une bonne communication avec ses congénères,
• un attachement à la famille et une autonomie psychologique qui lui permet de rester seul,
• un bon niveau d'obéissance.
L'insertion hiérarchique :
Les rituels hiérarchiques sont fondamentaux pour un chien dans un groupe. Dans la meute, le chef a des privilèges concernant l'accès à la nourriture, des contacts et du contrôle de l'espace.
• Accès à la nourriture : le chien doit prendre son repas après la famille, il doit le prendre seul et vous ne devez pas le regarder quand il mange. Il ne doit bien sûr pas quémander pendant votre repas.
• Accès à l'espace : Vous devez attribuer au chien un lieu de couchage dans une zone à l'écart des lieux de passage et limiter ses déplacements à des zones autorisées.
• Accès aux contacts : tous les contacts doivent être à l'initiative du maître. Appelez le souvent pour une caresse avant qu'il n'en demande une lui-même. Quand il vient se frotter, renvoyez le se coucher puis appelez le une minute plus tard.
EN CONCLUSION
Il y a lieu de considérer que les premiers mois de la vie du chiot sont déterminants pour sa vie future et sa bonne adaptation à la vie sociale.
Il est facile de comprendre que l'achat dans des animaleries, vendant des chiens importés et d'origine inconnue, mais dont on sait qu'ils sont élevés, la plupart du temps, en batterie, ou dans des structures à caractère industriel, risquent de transformer votre coup de cœur en galère, que ce soit en raison des maladies que de tels animaux peuvent développer du fait de la concentration, ou en raison de traumatismes psychologiques graves résultant d'un sevrage et d'une séparation de la mère trop précoces et de conditions de transports déplorables.
Le présent chapitre a été rédigé en s'inspirant d'un article émanant d' un conférencier, le Docteur Viera, lors de notre participation à un stage en vue de la préparation du certificat de capacité pour éleveurs et organisé par la Société Francophone de Cynotechnie à l'école nationale vétérinaire d'Alfort les 13, 14 et 15 décembre 2001.