LE CYCLE SEXUEL
L'activé sexuelle de la chienne a un caractère cyclique qui se traduit par l'apparition des chaleurs. Celles-ci s'accompagnent de modifications anatomiques plus ou moins visibles, notamment un écoulement de sang par la vulve. Ce cycle comporte plusieurs phases.
• Le prooestrus (7 - 10 jours) : il se traduit par un gonflement de la vulve et des pertes sanguinolentes d'un rouge vif qui, pour un éleveur averti, donnent à penser que la chienne n'est pas prête ; du reste, à ce stade, la chienne attire le mâle mais refuse l'accouplement. Cette phase correspond au bourgeonnement du follicule sur l'ovaire.
• L'oestrus (5 - 15 jours) : la vulve reste gonflée mais les pertes diminuent et les écoulements sont souvent plus clairs : c'est l'ovulation et, en principe, la chienne accepte l'accouplement. Cette phase correspond au bourgeonnement du follicule sur l'ovaire. La période optimale se situe en général, dans la 2ème moitié de l'oestrus.
• Le métoestrus (110 - 140 jours) : cette phase suit l'accouplement avec gestation, mise bas et lactation et se traduit par une sécrétion d'hormones progestérones par le corps jaune.
• L'anestrus : est la période de repos sexuel et dure 4 mois.
DÉTERMINATION DU MOMENT DE L'ACCOUPLEMENT
Les critères « subjectifs » sont peu fiables :
• le nombre de jours de chaleur : beaucoup de chiennes ovulent beaucoup plus tard que la fourchette classique de 10-14 jours,
• l'acceptation du mâle est aussi un mauvais critère. Beaucoup de chiennes, et notamment les chiennes de particuliers n'acceptent souvent pas le mâle, même si elles sont prêtes,
• l'aspect des écoulements n'est guère plus fiable et beaucoup d'éleveurs ont des difficultés pour déterminer le début des chaleurs de la chienne car les pertes de sang relèvent d'un phénomène congestif qui varie d'une femelle à une autre.
Les critères objectifs sont les suivants :
• les frottis vaginaux : ils sont d'interprétation parfois délicate mais deviennent significatifs s'ils sont couplés avec...
• les dosages de progestérone : dans la première phase des chaleurs, entre 8 et 12 jours, les saignements ainsi que le gonflement de la vulve vont de pair avec des modifications internes de la structure cellulaire de la paroi vaginale et de la montée du taux de progestérone dans le sang au moment de l'ovulation.
Il faut savoir
que ce taux atteint un maximum au moment de l'ovulation mais restera élevé
durant tout le cycle, qu'il y ait ou non gestation, d'où l'intérêt
de déterminer le moment où ce taux va augmenter brutalement
entre 24 et 48 h après l'ovulation.
De récentes études menées
par le Dr Fontbonne (1) ont mis en évidence que les chiennes ovulent entre 5
et 8 nanogrammes ce
qui fait que les kits de dosages colorimétriques optimisés
à 15 ng n'ont
pas une fiabilité absolue et qu'il faut préférer
les dosages quantitatifs faits par des laboratoires. Toutes les études
menées à partir d'échographies ovariennes pour déterminer
le moment de l'ovulation ont montré que toutes les chiennes sans exception ovulaient entre ces deux chiffres. Une fois
cette ovulation précisée, la saillie
doit être faite 48 heures après et doublée
le lendemain (et non pas 48 h après). La seule difficulté
concerne un faible pourcentage de chiennes dont la montée entre
5 et 8 se fait très lentement, ce qui oblige à refaire un
dosage.
La mesure du taux de progestérone se fait par votre vétérinaire qui pratique une prise de sang et vous donne le résultat dans l'heure qui suit cette prise de sang.
Dans la pratique, il est conseillé de faire pratiquer un frottis à partir du 2ème ou 3ème jour des écoulement sanguins pour s'assurer qu'on est bien en début de chaleur c'est à dire en préoestrus. Les frottis peuvent être renouvelés jusqu'à obtenir une image dite «d'ovulation» et la déterminatoin de l'ovulation sera affinée par le dosage dont le coût n'est pas négligeable.
On considère classiquement, que l'ovulation a eu lieu quand le taux de progestérone dépasse 15 nanogrammes/ml.
Ce taux de progestérone se maintient à un niveau élevé pendant la durée normale de gestation, que la chienne soit pleine ou non. Il retombe ensuite à un niveau inférieur à 2 ng au moment de l’accouchement.
Lecture conseillée (2) : « faire reproduire son chien ou sa chienne » du Dr A. Fontbonne, ed. Maradi. Un ouvrage remarquable !
(1) informations
données par le Dr Biemans le 13 octobre 2005.
(2) La
reproduction ne présente pas de bénéfice pour la
santé, ni pour le comportement.
L'ACCOUPLEMENT
La saillie a lieu généralement au domicile de l'étalon. Les principes du règlement d'une saillie sont régis par la convention de Berne adoptée en 1979 par la F. C. I. en remplacement de la coutume de Monaco.
La saillie naturelle
L'accouplement commence par une brève phase de cour et de reniflements augmentant l'excitation des partenaires qu'il convient de laisser à jeun, compte tenu du fait que le bouledogue a une respiration parfois difficile qui risque d'être accélérée par l'excitation.
La saillie, pour naturelle qu'elle soit, a souvent besoin d'être assistée soit pour réfréner les ardeurs du mâle, soit pour tenir la femelle qui peut se coucher ou manifester de l'agressivité.
Quand le mâle a pénétré la chienne et que le bulbe érectile les maintient verrouillés, il faut aider le mâle à se retourner avec douceur en tenant une patte arrière de chacun des partenaires pour éviter les tractions douloureuses.
L'insémination artificielle
C'est souvent la technique de choix en cas de libido déprimée, de difficulté anatomique, de douleur ou d'inexpérience du mâle. Elle peut également protéger ce dernier d'une contamination de l'herpès virose par la femelle, l'inverse n'étant pas forcément garanti avec une insémination.
On distingue trois types d'inséminations : l'insémination en semence fraîche, l'insémination en semence réfrigérée et l'insémination en semence congelée.
• en semence fraîche
Elle consiste à récolter la semence en présence de la femelle en chaleur, en extériorisant la totalité du gland hors du fourreau. Une fois la récolte effectuée, l'inséminateur réintroduit la semence à l'aide d'une sonde vaginale de type osiris.
Il convient alors de maintenir la femelle les membres postérieurs surélevés pendant 10 minutes pour favoriser la migration des spermatozoïdes vers le col de l'utérus et éviter les reflux. Cette technique donne d'aussi bons résultats que la saillie naturelle.
• en semence réfrigérée
Cette technique est utilisée lorsque l'étalon est loin et que le propriétaire de la femelle ne peut pas faire le déplacement.
Un vétérinaire agréé prélève la semence de l'étalon puis la réfrigère à 4° dans un liquide protéiné et nutritif. Il l'expédie, sous couvert du froid et en chronopost au vétérinaire destinataire qui pratique immédiatement l'insémination.
Elle suppose une parfaite synchronisation mais les manipulations successives risquent de diminuer la vitalité des spermatozoïdes et le résultat est moins bon que l'insémination en semence fraîche.
• en semence congelée
Seuls les chiens de race inscrits au LOF et confirmés peuvent avoir accès à cette technique.
La semence est prélevée par une technique identique aux précédentes, puis diluée dans un cryo protecteur, puis conditionnée en paillettes plongées dans de l'azote liquide à -196°C.
Cette technique rend possibles les échanges génétiques entre pays quand il existe une barrière sanitaire et permet de conserver, de manière illimitée, le patrimoine génétique d'un bon étalon.
La saillie doit être déclarée à la SCC dans les quatre semaines qui suivent la saillie ou l'insémination.
LE DIAGNOSTIC DE LA GESTATION
Il peut se faire par une palpation abdominale à partir de la 4ème semaine mais il faut une main expérimentée.
L'échographie permet un diagnostic précoce (18 jours) mais il faut un appareil performant.
La radiographie ne devient intéressante qu'en fin de gestation à partir de 45 jours.
LA MISE-BAS
Les signes précurseurs
Durant la semaine qui précède la mise-bas, on peut observer une modification du comportement de la chienne qui recherche la compagnie de son maître ou s'approprie différents objets pour faire son nid. Durant cette semaine précédant la mise-bas, la température de la chienne, qui est normalement de 38°, commence par connaître de petites chutes suivies de remontées, mais la température rectale chute d'un degré dans les 24 heures qui précèdent la mise-bas. Cette hypothermie indique une chute de la progestérone et la mise-bas va se déclencher dès que la température va commencer à remonter.
Déroulement de la mise-bas
Les premiers
signes apparaissent en moyenne au 63ème jour qui suit la saillie
mais comme il y a souvent plusieurs saillies, il est toujours difficile
de prévoir la date exacte.
Les premières contractions ne sont pas visibles mais on constate chez la femelle une tendance à gratter sa litière et à dédaigner la nourriture.
L'engagement du premier chiot provoque ensuite des contractions visibles et des efforts expulsifs les complètent qui aboutissent à la rupture de la première poche des eaux dans un délai inférieur à 3 heures. La poche amniotique renfermant le chiot peut alors apparaître à la vulve. L'éleveur a intérêt à être toujours présent, même si tout se passe normalement, et à aider la chienne dans tous les cas, et notamment en cas de présentation par le siège qui, si elle est courante, nécessite une vigilance supplémentaire.
Si le chiot ne réagit pas aux stimulations de la mère, il faut vérifier l'absence d'obstruction des voies aériennes supérieures et, éventuellement, recourir aux stimulants respiratoires (Dopram ou Respirot N. D.)
Chaque chiot est généralement accompagné, dans les minutes qui suivent, du placenta et les expulsions des chiots suivants se succèdent à des intervalles allant de quelques minutes à une heure, parfois deux heures.
Il convient de toujours vérifier, à la fin de la mise-bas, que tous les placentas ont été expulsés et il arrive que l'expulsion soit tardive.
La perte d'un sang très foncé après la mise-bas est souvent le signe qu'il reste un placenta. Il s'expulse généralement de façon spontanée, mais, dans le cas contraire, il convient de consulter votre vétérinaire.
Si la mise-bas s'éternise, il convient également de consulter votre vétérinaire
• sans précipitation si la chienne manifeste une inertie utérine totale,
en revanche
• avec précipitation si elle pousse de façon infructueuse, ce qui indique un obstacle à l'expulsion et peut être une indication de césarienne à envisager rapidement si on souhaite, d'une part ne pas épuiser la chienne et, d'autre part, sauver les chiots.
le recours systématique à l'ocytocine (stimulant des contractions utérines), bien que pratiqué par certains éleveurs, est fortement déconseillé. Un usage inconsidéré peut provoquer des déchirures utérines si l'inertie est due à un obstacle (chiot trop gros ou mal placé) et avoir d'autres effets pervers tels que favoriser l'asphyxie des chiots par constriction prématurée des vaisseaux du cordon ombilical ou perturber par la suite la sécrétion lactée.
Certains éleveurs utilisent des injections d'ocytocine sur des chiennes qui mettent bas lentement mais dans des conditions normales, croyant ainsi pouvoir accélérer la procédure, et provoquent une inertie utérine secondaire les obligeant à faire pratiquer une césarienne. N'oublions pas que la plus grande qualité de l'éleveur face à une mise bas est le calme et la patience !
Lorsqu'elle est utilisée, l'ocytocine doit être utilisée à faible dose, l'utérus ayant une sensibilité très forte à cette hormone. L'administration de 2 à 4 unités par chienne, quelle que soit la taille, toutes les 20 à 30 minutes, est très largement suffisant. Toutefois, il ne faut pas dépasser 3 à 4 injections sur l'ensemble de la mise bas ; lorsque l'on n'obtient pas la naissance d'un chiot après 1 ou 2 injections d'ocytocine, il est également conseillé d'attendre au moins une heure avant de renouveler les injections.
Si l'ocytocine est utilisée à trop fortes doses, ou à intervalles trop rapprochés, l'ensemble des récepteurs à ocytocine sera saturé : l'utérus ainsi désensibilisé ne sera plus capable de se contracter suffisamment pour permettre l'expulsion des chiots. Ainsi, il est inutile, voire dangereux, d'utiliser de l'ocytocine sur une chienne qui accouche normalement.
PATHOLOGIES NÉO-NATALES
Les 2 premières semaines de la vie du chiot sont les plus délicates et 80 % de la mortalité intervient durant cette période. Le chiot peut être atteint soit par des affections virales soit par des affections bactériennes. Iil peut parfois être écrasé par une mère anxieuse ou peu attentive à sa progéniture, comme c'est le cas du bouledogue anglais. Nos petites françaises sont, dans l'ensemble, de bonnes mères très attentives et l'intervention de l'éleveur est rarement nécessaire.
Affections virales
Outre la maladie de Carré et la parvovirose, assez rares du fait de l'existence d'un vaccin, nous n'évoquerons ici que l'herpès virose qui semble être une maladie préoccupante pour l'élevage canin.
La caractéristique de cette maladie, due à un herpès virus, est la capacité de ce virus à causer une infection latente à la suite d'une primo-infection. Ce virus présente la caractéristique qu'il ne se développe pas à des températures supérieures à 37°C. Les chiots nés d'une mère infectée sont contaminés au moment de la mise-bas et la maladie apparaît brutalement sur l'ensemble de la portée (3 à 8 jours). Les chiots meurent rapidement les uns après les autres.
Il n'existe aucune méthode pour traiter ce virus, hormis la prévention qui consiste à réchauffer les chiots afin de maintenir une température rectale supérieure à 37°C.
Cependant, il semble que cette pathologie soit médiatisée de façon exagérée. Les virus herpès sont très répandus mais beaucoup moins impliqués dans la mort des chiots que certains le prétendent ; par ailleurs, il semble illusoire de vouloir éradiquer ce virus. Toutefois, le recours à l'insémination artificielle, ainsi que déjà dit, constitue une mesure appropriée pour protéger le mâle. S'il s'agit de protéger la femelle d'un mâle atteint, l'insémination semble sinon supprimer les risques, du moins les réduire.
Affections bactériennes
Les bactéries les plus couramment pathogènes sont :
• les germes responsables des mammites (syndrome du lait toxique),
• les colibacilles,
• la coccidiose.
MALFORMATIONS CONGÉNITALES
Les anomalies structurelles ou fonctionnelles sont présentes chez 1 % des chiots nouveau-nés et sont responsables de 14 % de la mortalité néonatale ; leur nature génétique n'a pas toujours été mise en évidence. Dans la plupart des races canines, el-les peuvent affecter une seule fonction ou affecter différents organes.
Un grand nombre de ces anomalies sont immédiatement visibles et
compatibles avec la survie au moins temporaire de l'animal, d'autres,
au contraire, attendent des mois ou des années pour s'exprimer.
Parmi les malformations qui peuvent entraîner la mort pendant la
période néonatale, nous distinguerons :
· la fissure palatine, accompagnée ou non d'un bec de lièvre,
équente chez le chien ;
· l'hydrocéphalie est fréquente chez le Chihuahua,
le Cocker, et le Bulldog ;
· les malformations du squelettes ; les malformations cardiaques
; la polykystose rénale, l'absence d'un ou des deux reins ;
· le mégaoesophage et la sténose pylorique ; l'imperforation
de l'anus.
Dès que ces lésions sont diagnostiquées, l'euthanasie s'impose, à l'exception de la sténose pylorique ou de la fissure palatine, pour lesquelles une correction chirurgicale est envisageable.
L'ALLAITEMENT ARTIFICIEL DU CHIOT NOUVEAU-NÉ
Dans un certain nombre de cas, l’éleveur est amené à se substituer à la mère pour nourrir les chiots. Deux hypothèses sont à envisager :
1) la mère n’a pas de lait (agalactie) ou pas suffisamment de lait (hypogalactie) soit parce que sa production lactée est insignifiante soit parce qu’il y a trop de chiots. Elle peut présenter également une mammite.
2) un ou plusieurs chiots sont en difficulté parce qu’ils ont un très petit poids et/ou ne tètent pas pour une cause non explicable (hypothermie isolée par exemple) mais qui permet d’espérer un sauvetage si la raison s’avère par la suite avoir été passagère et non liée à une malformation quelconque.
La solution du biberon est la plus connue mais tout éleveur qui la pratique en connaît la difficulté. Il est très difficile de faire téter un chiot, à plus forte raison une portée entière. La plupart du temps, le chiot qui est en difficulté (hypothèse n° 2) et qui ne tète pas la mère, tètera encore moins au biberon. Chaque éleveur connaît la galère du réglage du débit du lait et beaucoup de chiots finissent par faire ce qu’on appelle « une fausse route » (passage du lait dans la trachée) qui entraîne la mort rapidement dans des souffrances horribles puisque le lait se répand dans les poumons et les détruit (broncho-pneumonie par fausse déglutition).
Ainsi, lorsqu’on est en présence d’un ou plusieurs chiots en difficulté, la technique d’alimentation assistée à l'aide d'une sonde pédiatrique (le diamètre est très petit et parfaitement adapté au chiot bouledogue) s’avère la plus sûre et la plus efficace. Il faut savoir que l’estomac d’un chiot a un contenu qui est d’environ 5 % du poids du chiot. Cela donne une idée de la quantité qu’on peut lui administrer à chaque intubation.
Il est toutefois conseillé de donner une quantité inférieure et 3 ou 4 centimètres cube de lait par 100 grammes de poids semblent suffisants, toutes les deux ou trois heures dans la première semaine, puis en espaçant par la suite, mais cette technique ne doit pas être utilisée trop longtemps et apparaît uniquement comme un moyen de franchir un cap difficile jusqu’à réapparition spontanée du réflexe de déglutition.
Un chiot intubé aura une progression de son poids plus lente mais il est préférable de ne pas donner de trop grandes quantités sous prétexte de lui faire rattraper trop vite son retard car le danger serait réel (vomissement puis fausse route, etc). Le lait doit être administré lentement.
Celui qui a la pratique de cette technique peut observer assez rapidement qu’un chiot intubé et qu’on remet aux mamelles de sa mère va finir, ayant repris des forces, par téter sa mère naturellement ce qui devra conduire l’éleveur à diminuer la fréquence de l’intubation et par la suite, en fonction de la courbe de poids, à y mettre fin.
Cette pratique est rapide et facile à mette en œuvre mais nécessite un apprentissage si bien qu'il est conseillé de demander à son vétérinaire de vous montrer le geste à faire (tout en sachant que le transport d'un chiot nouveau-né chez un vétérinaire comporte aussi des risques).
Il convient d’utiliser une sonde pédiatrique qu’on peut trouver en pharmacie ou chez son vétérinaire. Il faut préalablement vérifier la longueur du tube (qui est très fin et parfaitement adapté à un chiot, même très petit). Il est indispensable de mesurer la distance qui sépare la truffe du chiot et la dernière côte et placer un repère qui corresponde à cette distance.
Le chiot est tenu horizontalement, la tête en position physiologique. L’introduction de la sonde doit se faire doucement, sans forcer et le lait doit être donné à une température de 37/38 degrés.
La sonde d'alimentation pédiatrique
est idéale du fait de sa souplesse, de son très petit diamètre
adapté au chiot, quelle que soit sa race et son embout arrondi
et non blessant, spécialement adapté.
Les personnes qui débutent cette méthode auront tout intérêt
à instiller quelques gouttes de sérum physiologique en bout
de sonde et, en l’absence de réflexe de toux (indiquant que
la sonde est bien positionnée) puis à injecter la totalité
du repas. Pour éviter les régurgitations, il est conseillé
d’épaissir un peu le lait avec du yaourt ou avec de la pectine
(gélopectose NDH) et de le concentrer un peu plus. Il n’est
pas exclu de récupérer le lait de la mère pour l’administrer
par sonde si le problème vient du chiot mais que la mère
a beaucoup de lait.
Le croquis ci-joint et la vidéo (publiée avec l'aimable
autorisation du Dr Vétérinaire Bernard BIEMANS) que nous
remercions chaleureusement montre en image cette technique qui permet
le sauvetage de nombreux chiots en difficulté pour les raisons
énoncées ci-dessus.
Beaucoup d’éleveurs parviennent, par cette technique et dans
les cas marginaux et cités plus haut, (l'idéal étant
bien entendu une alimentation normale par la mère), à sauver
des chiots qui par la suite deviennent de magnifiques adultes avec de
longues années de vie et bonheur devant eux. La nature a souvent
besoin qu’on l’aide et cette technique, bien que délicate,
est la plus sûre. A titre personnel, j'utilise cette technique dans les
cas extrêmes quand le chiot refuse de s'alimenter et je la considère
comme un tremplin indispensable pour passer un cap difficile. Il s'agit
d'une technique provisoire qui ne doit pas dépasser au maximum
une dizaine de jours.
|
|
Croquis extrait du « Guide pratique de l'élevage canin » des Dr Pierson et Grandjean | |
• maintenir le chiot en position physiologique,
• mesurer la distance de la truffe au milieu du dos et placer un repère sur la sonde correspondant à la longueur mesurée,
• introduire la sonde progressivement en obtenant un réflexe de déglutition et la retirer à la moindre gène manifestée par le chiot,
• il s'agit ensuite de vérifier si la sonde est correctement mise en place ; instiller quelques gouttes de sérum physiologique avant d'introduire le lait,
• en l'absence d'un réflexe de toux, instiller la totalité du repas. Le lait doit être administré à une température de 37°/38°.
Il est évident qu'il s'agit d'un geste délicat, fait quand il n'y a plus aucune autre solution (le chiot risquant de mourir de faim) et qui ne doit durer que quelques jours. Il faut le pratiquer après l'avoir vu faire plusieurs fois, se le faire expliquer par son vétérinaire et lui demander son avis selon le cas où ce choix peut se poser.
Cet
article a été approuvé par le Docteur Philippe
PIERSON, vétérinaire, qui m'a autorisée à
publier le dessin ci-dessus extrait du guide pratique de l'élevage
canin dont il est coauteur. Je l'en remercie. |
LE SEVRAGE
Selon, la production de lait, on peut commencer à partir de 3 semaines (ou un peu plus tard s'il y a beaucoup de lait). En général, les femelles bouledogues produisent suffisamment de lait pour que les chiots puissent décaler le sevrage vers 4 semaines. D'excellents produits de sevrage sont vendus dans le commerce et il faut de se garder de faire des préparations à base de produits destinés aux enfants, l'organisme du chiot n'étant pas conçu pour les digérer.
Bibliographie
• « Guide pratique de l'élevage canin » des Dr PIERSON et GRANDJEAN.
• « La mortalité périnatale dans l'espèce canine » du Dr.
Vét. Samuel BUFF-CERREC.
DÉPÉRISSEMENT DU CHIOT NOUVEAU-NÉ
Un certain nombre de chiots meurent avant d’atteindre l’âge de 2 semaines sans qu’on n’en sache exactement la raison. On observe différents symptômes alors qu’aucun diagnostic ne peut être posé par l’autopsie.
Plusieurs hypothèses sont avancées mais hélas non vérifiables
- hypothermie, hypoglycémie,
déshydratation,
- insuffisance de lait chez la mère,
- syndrome du lait toxique,
- le fameux herpès virose néo-natal.
Causes favorisantes
- culot de portée,
- portée très nombreuse,
- trouble de la lactation.
Comment lutter ?
- assurer une bonne température, hygrométrie et ventilation
dans la maternité.
- Bien réanimer les chiots lors de la naissance en aspirant notamment
les mucosités par une aspiration avec une poire à lavement
ou un mouche-bébé.
- Surveiller une portée quand elle est peu nombreuse car il y a
alors des risques accrus de refroidissement.
- S’assurer que les chiots ont bien pris le colostrum et que les
chiots tètent correctement.
- Les peser quotidiennement.
Le guide donne quelques points de repère et on sait notamment qu’un choit doit doubler son poids vers l’âge de 10 jours.
Quel traitement ?
- il est dangereux de nourrir un chiot en hypothermie (moins de 35°) car cette hypothermie provoque un arrêt du transit avec risque d’occlusion si le chiot est nourri dans ces conditions. Il faut donc d’abord le réchauffer de façon progressive en évitant les lampes infrarouges qui aggravent la déshydratation ; il faut préférer les coussins chauffants.
- il est conseillé de placer
les chiots atteints dans une couveuse ou un incubateur d’aviculture
en dehors des tétées, à une température de
38° contrôlée avec un thermostat, ceci pendant la première
semaine puis 30° la 2ème semaine avec une hygrométrie
comprise entre 60 et 90°. Dès que le réflexe de succion
réapparaît, il faut replacer le chiot avec sa mère
toutes les deux heures.
Pour ce qui concerne les couveuses, une amie vétérinaire
dont le mari est éleveur m’avait autrefois conseillé
d’essayer de récupérer des couveuses réformées
dans les maternités mais je ne sais si cela est facile à
trouver.
- il est conseillé d’apporter
du sucre par voie orale ou par intubation oesophagienne (miel, lait maternisé,
supplément nutritionnel ou glucose 10 % à raison de 1 ml/100
g toutes les deux heures ceci en cas d’hypoglycémie liée
à une absence de lait de la mère ou une mammite.
Le traitement doit être poursuivi jusqu’à l’arrêt
des plaintes et la remontée de la température rectale.
- on peut également injecté en sous cutanée un mélange
de soluté type Ringer et de dextrose à 2,5 % (4 ml/100 g,
deux fois par jour) pour corriger à la fois la déshydratation
et l’hypoglycémie mais il ne faut pas dépasser 20
ml/100 grammes).
Conclusion
Le traitement est toujours symptomatique et fait appel au réchauffement, à la réhydratation et à l’apport de glucose.
[résumé d'un article publié sur le « Guide pratique des maladies en élevage canin »]
FAIRE NAÎTRE UNE PREMIÈRE PORTÉE
[article publié dans la revue du Club du Bouledogue Français, en octobre 2008]
Le développement des moyens modernes de communication et notamment des forums de discussion, où se côtoient éleveurs et particuliers, ajouté à l’augmentation considérable du nombre des naissances dans notre race a fait naître de nouvelles vocations et on assiste à un phénomène nouveau à savoir que de plus en plus de particuliers éprouvent le besoin ou la tentation de faire reproduire leur chienne.
Rappelons à ce sujet que la profession d’éleveur est strictement encadrée et règlementée et qu’à partir de 9 chiens adultes ou deux portées par an, on est réputé éleveur avec toutes les conséquences administratives, fiscales, sanitaires et juridiques qui s’y rattachent, mais tant qu’on se limite à une seule portée par an et qu’on consacre moins d’une demi heure par jour à ses chiens on est considéré par la loi comme un particulier.
Cet article s’adresse donc tout particulièrement à ces « particuliers » qui se préparent à faire naître leur première portée et se lancer dans la grande aventure. Certains ne feront naître qu’une seule portée dans la vie de leur chienne, d’autres satisfaits de l’expérience positive et heureuse que leur aura apporté cette première naissance, réitèreront l’expérience. Rappelons que la production de chien dans chaque race est le fait pour 30 pour cent environ de particuliers et que ceux qui reproduisent « proprement » peuvent participer à l’amélioration de la race. Un certain nombre de portées sont hélas le fruit du hasard, nées parfois de l’accouplement d’une femelle médiocre et d’un étalon de proximité en sorte que l’objectif d’amélioration de la race qui constitue la vocation même du club de race est loin d’y trouver son compte surtout quand la motivation principale est purement économique.
Pour le passionné, cette première portée est toujours un évènement très attendu et comporte forcément une part d’inconnu, où se mêlent la joie, l’angoisse et l’appréhension. Il va sans dire que devra être systématiquement écartée de la reproduction toute chienne atteinte d’une tare invalidante qu’elle pourrait transmettre à ses descendants (surdité, problèmes respiratoires ou toute maladie incompatible avec une vie normale) de même qu’il conviendra de s’abstenir de choisir un étalon porteur de défauts graves ou de tares génétiques connues et avérées.
Notre club ne peut donc qu’inciter toute personne qui se livre à la reproduction, y compris de façon occasionnelle, à faire procéder à l’identification génétique des ses chiens et faire pratiquer la radiographie du dos dont le résultat, s’il reste confidentiel, mettra celui qui reproduit face à ses responsabilités en lui fournissant une précieuse information allant dans le sens de l’amélioration de la race et de la diminution des pathologies liées aux anomalies vertébrales. Il est à noter d’ailleurs qu’à partir d’avril 2009 les propositions de portées sur le site du club devront comporter l’identification génétique des parents ainsi que la mention selon laquelle les géniteurs ont passé la radio de dépistage des anomalies vertébrales.
Le caractère quelque peu pléthorique de la production de bouledogues français dans notre race depuis quelques années ainsi que l’attestent les statistiques des naissances doit plus que jamais nous rendre attentifs à maintenir un niveau de qualité le meilleur possible.
Cette modeste contribution se propose de résumer brièvement les règles de base à suivre pour se donner toute les chances de mener à bien cette aventure merveilleuse que représente la naissance d’une portée sans oublier, pour être totalement objectif de rappeler toutes les déconvenues qu’on peut connaître tout au long de cette aventure qui va du choix de l’étalon, la réalisation de la saillie jusqu’à la naissance des chiots. (D’autres articles pourront être publiés par la suite sur l’élevage des chiots jusqu’à leur départ) mais nous nous limiterons dans cet article à n’évoquer que la reproduction de la chienne jusqu’à la naissance.
1) la recherche de l’étalon :
Le choix de l’étalon est bien entendu libre (contrairement à certains autres pays européens où le choix de l’étalon doit être soumis à l'approbation du club de race) mais il doit être fait en fonction des qualités morphologiques recherchées tout en sachant qu’un défaut de la femelle ne sera pas compensé par un défaut inverse de l’étalon. Il est utile, pour un néophyte de prendre des conseils auprès d’éleveurs qui ont fait leur preuve et de s’aider de la liste non exhaustive des étalons figurant sur le site du club.
Les titres obtenus par l’étalon en exposition sont des critères intéressants mais non suffisants. Enfin et même si pour l’amélioration de la race ce critère est indifférent, il n’est pas inutile d’avoir quelques notions de génétique, même basiques, afin de prévoir quelles sont les couleurs de robe que l’accouplement peut donner. En effet certains débutants ignorent par exemple que le mariage d’un sujet caille avec un sujet fauve peut ne donner que des sujets bringés pour peu que le sujet fauve ne soit pas porteur de la panachure et que le sujet caille ne soit pas porteur du fauve. Le bringé est certes une couleur de robe magnifique mais il est bon de préciser qu’il peut naître dans les portées des chiots dont aucun n’a la couleur de robe des parents.
2) la réalisation de la saillie :
Celle–ci se passe de préférence au domicile du mâle soit de façon naturelle soit par insémination artificielle chez un vétérinaire. Il est vivement recommandé de présenter une chienne « prête » à la saillie et pour y parvenir, de faire procéder, préalablement à la présentation de la chienne à l’étalon à des dosages de la progestérone chez votre vétérinaire afin de connaître les jours où la saillie peut être réalisée avec le plus de chance de réussite.
La saillie rétribue les services rendus par l’étalon. Il est conseillé de prévoir un contrat de saillie en indiquant le prix à régler de préférence au moment de la saillie et en précisant, selon l’usage, qu’une seconde saillie sera offerte si la chienne reste vide. Tout accord prévoyant le don d’un chiot en rétribution de la saillie est fortement déconseillé car inducteur de contentieux et de difficultés à faire exécuter un engagement qui se réalisera dans le futur sur des chiots virtuels. Le paiement et la saillie doivent être de préférence concomitants.
3) le diagnostic de gestation :
Il sera fait à partir de trois semaines par échographie (ou simple palpation abdominale) sans pouvoir connaître le nombre exact de chiens attendus, puis par radiographie à partir du 45ème jour de gestation pour préciser le nombre de chiots. Ce dernier examen satisfait plus la curiosité du maître qu’il n’est réellement utile pour prévoir les circonstances de la mise bas même s’il peut donner parfois certaines informations utiles au bon déroulement de celle-ci.
Le premier mois de gestation n’apporte pas d’informations franches sur une éventuelle gestation. Certains maîtres croient remarquer une chienne plus assoupie ou qui change de comportement mais il y a sans doute une part importante de subjectivité dans ces impressions un peu floues.
Ce n’est qu’à partir de la fin de la 5ème semaine que l’on peut commencer à suspecter la gestation : le ventre de la chienne s’arrondit légèrement, les tétines se durcissent et commencent à rosir. Enfin il peut apparaître à la vulve de légers écoulements glaireux et transparents dus aux modifications hormonales qui se produisent tout au long de la gestation.
4) la durée de la gestation :
Il est traditionnel de considérer que la gestation dure 63 jours mais ceci ne signifie pas que la date de naissance puisse être prévue à un jour près. En effet cette durée peut varier considérablement selon les races, le nombre de chiots, la date de la saillie (les chiennes saillies un peu tôt présentent en apparence une durée rallongée alors qu’elles auront été fécondées un peu après la date de saillie). Ainsi les extrêmes peuvent varier de 58 jours à 70 jours.
5) la naissance :
Chez les mammifères ce sont les fœtus qui envoient les signaux qui provoquent la mise- bas. Chez la chienne c’est la chute du taux de progestérone sanguine qui est l’hormone qui a maintenu la gestation pendant 9 semaines qui va déclancher les premiers signes de la mise bas. Cette chute du taux de progestérone s’accompagne d’une chute transitoire et très courte de la température.
Voici pourquoi il est recommandé quelques jours avant la date prévue, de prendre la température matin, midi et soir et de noter les chiffres sur un graphique afin de suivre l’évolution quotidienne de la température. La température habituelle se situe entre 38° et 38° 5
Or dans les 24 heures qui précèdent cette mise bas tant attendue on observe généralement une chute d’environ un degré par rapport à la moyenne des jours précédents et cette constatation indique l’imminence de la mise bas étant précisé qu’elle ne se produira qu’à la remontée de la température. Ces observations peuvent être confirmées par un test de progestérone effectué chez le vétérinaire, test qui confirmera que la chienne est prête et que la mise bas est imminente. Ce test est un préalable indispensable en cas de césarienne programmée.
La nature ne fait pas toujours son travail correctement et même si les chiens sont plus instinctifs que les humains, certaines chiennes auront besoin d’être aidées, principalement dans notre race qui n’est pas globalement, réputée pour ses mises bas particulièrement faciles. Il est donc vivement recommandé pour un particulier qui pratique sa première mise bas d’avoir un minimum de connaissances théoriques à défaut d’une expérience de terrain afin de pouvoir, sinon intervenir, du moins déceler toute anomalie impliquant une intervention rapide d’un vétérinaire d’autant plus qu’une mise bas se déroule souvent la nuit.
Sur ce dernier point, il est conseillé, au alentour de la date probable de mise bas de s’assurer que votre vétérinaire est disponible en dehors des heures d’ouverture en cas d’urgence et de prendre toute disposition en cas d’une réponse négative.
Il est préconisé dans
les jours qui précèdent cette mise- bas d’avoir préparé
à l’avance une caisse de mise bas conçue avec des
planches percées de trous permettant de passer des tiges de bois
rond sur le pourtour de la caisse, ceci pour éviter les écrasements
des chiots. Le sol de la caisse doit être couvert de draps propres,
idéalement tendus sur une une planche de bois de la même
dimension que la caisse en rabattant le surplus du drap sous la planche,
afin d’éviter qu’en grattant la chienne n’étouffe
ses chiots. Le linge devra bien entendu être changé souvent
pour rester toujours propre et sec ;
Il faudra enfin prévoir une lampe ou, mieux, un tapis chauffant
afin de maintenir les chiots à une température de 28/30°
durant les premières semaines.
Une fois l’imminence de l’heureux évènement annoncée (halètement, chienne agitée, inquiète qui gratte et se demande ce qui se passe dans son ventre…) il convient de vous installer dans un endroit calme et confortable pour surveiller la chienne. Calme et patience sont les qualités indispensables pour une mise bas réussie ce qui n’est pas toujours facile lors d’une première expérience dont l’intensité émotionnelle est très forte. Certaines chiennes recherchent la solitude alors que d’autres ne quittent plus leur maître.
Il faut savoir qu’une mise bas dure en moyenne de 4 à 8 heures avec des extrêmes qui peuvent aller jusqu’à 24 heures et même davantage pour des portées nombreuses dans de grandes races. Le délai moyen entre l’expulsion d’un chiot et de 20 à 30 minutes mais il varie selon le cas et il n’est pas rare que ce délai soit allongé, surtout dans la 2ème partie de la mise bas où la chienne peut présenter des signes de fatigue. Deux choses capitales sont à retenir :
* si un chiot apparaît à la vulve mais n’est pas sorti au bout d’une heure ou s’il s’écoule plusieurs heures entre la naissance de deux chiots, il est utile de consulter le vétérinaire.
* Il est également utile de
consulter un vétérinaire si la chienne pousse infructueusement
depuis plus d’une heure car cela laisse supposer qu’il y a
un obstacle mécanique à l’expulsion (mauvais position
du chiot) et il y a urgence à consulter.
Enfin, des éleveurs dans la race pourront aussi vous aider à
distance.
6) Quand et comment intervenir ?
Lors de la mise-bas, la chienne se tient soit sur le côté soit accroupie ; de fortes contractions visibles au niveau du ventre font progresser le chiot enveloppé dans une poche qui apparaît à la vulve. Cette poche se perce soit spontanément soir elle est percée par la mère et le chiot est expulsé naturellement mais ce n’est pas toujours le cas et c’est dans ces circonstances que vous pouvez utilement intervenir, surtout chez le bouledogue où la face plate ne permet pas toujours facilement à la mère de percer la poche.
Dans ce cas il faut la rompre avec de petits ciseaux afin d’éviter au chiot de se noyer et tirer doucement la tête du chiot pour aider à son expulsion. Le placenta sort dans les minutes qui suivent et son expulsion doit être surveillée.
Même si les mères coupent généralement le cordon, il est conseillé de le faire soi même certaines chiennes ayant tendance à couper le cordon trop court et à blesser le chiot. Il sera recommandé de noter l’heure de tous les évènements afin de bien surveiller le déroulement du travail en particulier l’heure de la perte des eaux et celle de la sortie de chaque chiot.
Malheureusement toutes les naissances ne sont pas idylliques et souvent le chiot a souffert durant l’expulsion ; il a avalé certaines mucosités et à du mal à prendre sa respiration. C’est à ce moment que l’intervention humaine est déterminante pour sa survie.
Souvent ses bronches sont encombrées de liquide amniotique. Il est préconisé alors de le prendre par les pattes arrière et d’effectuer un mouvement de balancier en le secouant de façon énergique, tout en lui ouvrant les lèvres afin qu’il évacue le liquide qui obstrue ses bronches. L’utilisation d’un analeptique respiratoire (respirot ou dopram) ne peut se concevoir qu’après le désencombrement des voies respiratoires afin d’éviter d’aggraver l’asphyxie du chiot. Celui-ci devra ensuite être frotté énergiquement, réchauffé et placé près de sa mère.
Il est conseillé de procéder à une ligature du cordon ombilical à environ 1 cm du ventre du chiot et de nettoyer à l’aide d’un produit iodé style bétadine.
Enfin il est en revanche fortement déconseillé d’utiliser des substances hormonales injectables pour induire ou accélérer des contractions lors de la mise bas. Ces substances sont à réserver aux vétérinaires ou aux éleveurs expérimentés, capables de distinguer une inertie utérine d’un obstacle mécanique empêchant l’expulsion du chiot à savoir une mauvaise présentation du chiot. Dans ce dernier cas l’injection de cette substance (type ocytocine) projettera le chiot sur une porte trop étroite et conduira à sa mort.
Il est également déconseillé d’administrer du calcium avant la mise bas surtout chez les petites races au risque de déclancher des convulsions lors de la mise bas ou pendant l’allaitement.
Enfin lors de la mise bas il faut éviter d’être trop interventionniste : il est préférable de surveiller discrètement et manipuler les chiots le moins possible.
Malgré toutes les précautions
prises lors d’une mise bas la naissance de chiots s’accompagne
fréquemment de certaines déconvenues liées soit à
la perte d’un chiot qui s’est mal présenté et
qu’il n’a pas été possible de réanimer,
soit d’un chiot atteint d’une malformation (fente palatine
notamment) sans oublier des difficultés tenant à femelle
qui par exemple n’a pas de lait ou présente des complications
consécutives à la mise bas etc…
7) La césarienne
Quand une indication de césarienne est posée (plus de 4 heures entre la sortie de deux chiots, ou chiot non expulsés plus de deux heures après la perte des eaux, poussées infructueuses) il est impératif de garder son calme et de passer le relais à votre vétérinaire. La césarienne se pratique sous anesthésie générale ou plus rarement sous anesthésie locale. Cette dernière méthode a pour avantage d’éviter les complications dues à l’anesthésie, notamment dans la phase de réveil mais a pour inconvénient qu’elle suppose un personnel nombreux pour prendre en charge la naissance, rassurer la chienne etc… et donc peut difficilement se réaliser de nuit, à un moment où le personnel de la clinique n’est pas présent.
CONCLUSION
Une fois la naissance terminée
une autre étape commence qui est celle de l’élevage
de la portée avec une surveillance de tous les instants ce qui
démontre que le candidat à l’élevage doit avoir,
outre un minimum d’informations et de connaissances, une grande
disponibilité surtout dans les premières semaines de la
vie. Il faut s’assurer en outre que les chiens pourront être
élevés correctement jusqu’à leur placement
qui peut être retardé faute de demandes dans certains cas
et doit être fait avec discernement. L’élevage en appartement
n’est donc pas conseillé.
Faire reproduire sa chienne représente donc une lourde responsabilité
C’est une aventure inoubliable mais également semée
d’embûches, qui exige un minimum de sang froid, de connaissances,
de bon sens et surtout de passion car il ne faut pas oublier que l’élevage
est non seulement une vocation mais également un métier.
PREMIERS GESTES A LA NAISSANCE DES CHIOTS
Les statistiques démontrent que la mortalité néo-natale est comprise entre 20 et 30 %. Ceci tient au fait que, comparé
à d’autres espèces, le chiot présente à
sa naissance une totale immaturité physiologique qui le rend particulièrement
fragile et exposé à son environnement, notamment à
des agents parasitaires ou infectieux.
Du fait de cette immaturité liée à l’espèce, les soins immédiats à prodiguer à un nouveau-né peuvent se résumer à 4 points essentiels :
1) Oxygénation du chiot :
Il est important, dès la naissance de dégager les voies respiratoires du chiot. La première respiration est déterminante ; lors de la naissance, notamment quand la présentation se fait en siège, il est fréquent que la première respiration ait lieu alors que le chiot n’est pas encore complètement expulsé d’où le risque d’entrée de liquides dans les poumons.
Ce risque est identique si le placenta a été expulsé trop tôt et en cas d’utilisation abusive d’ocytocine (dont l’usage est strictement réservé au vétérinaire). Il s’agit d’un produit à ne pas administrer à tort et à travers car il est responsable de nombreux accidents non seulement sur le chiot mais également sur la mère elle-même (déchirement utérin, etc…)
Si la chienne ne s’occupe pas du chiot qu’elle vient d’expulser et que la poche amniotique n’est pas déchirée, il est vivement recommandé de la rompre soi même dans un délai de 2 minutes afin d’éviter que le chiot ne se noie dans les liquides. Certains éleveurs préfèrent, par précaution, couper eux-mêmes le cordon ombilical du chiot par exemple lors de risque d’infection du cordon (omphalite) au contact des incisives de la mère (affection parodontale).
Il convient ensuite de dégager les voies respiratoires en prenant le chiot la tête en bas avec la gueule ouverte, en accomplissant un léger mouvement de balancier pour lui permettre d’expulser les liquides. L’éleveur pourra utiliser également un mouche bébé en vente dans les pharmacies ou une poire à lavement.
L’utilisation d’analeptiques respiratoires ne sera envisagée que si les autres manœuvres restent inefficaces. Il conviendra alors d’instiller quelques gouttes dans les narines ou sous la langue mais il faudra impérativement veiller à ce que les voies respiratoires soient bien dégagées afin de ne pas aggraver encore le déficit respiratoire du chiot ; faute de respecter cette règle essentielle le chiot finirait par se noyer.
Il faut savoir que le chiot est résistant
au manque d’oxygène et il ne faut pas se décourager
trop vite. Tant qu’il y a battements cardiaques il y a de l’espoir
et il est conseillé d’insister.
Il est des réanimations qui semblent tenir du miracle et tout éleveur qui a eu à gérer plusieurs mise bas en a été le témoin au moins une fois ! Pour tester les battements cardiaques, il suffit d’apposer l’index juste à l’arrière du coude gauche du chiot.
Après l’expulsion du placenta, si la mère reste inactive, il est préconisé de ligaturer le cordon ombilical à 1 ou 2 cm de la paroi ventrale et de le ligaturer au fil ou d’exercer une forte compression entre le pouce et l’index de façon à interrompre l’écoulement sanguin.
Pour finir, il y a lieu de désinfecter cette zone avec une compresse imbibée d’un antiseptique.
2) Séchage et réchauffement du chiot :
Avant de placer le chiot sous un système de chauffage (lampe ou tapis chauffant), il est indispensable de sécher le chiot ; en effet, le placer humide directement sous le système de chauffage entraînerait, paradoxalement, un refroidissement par évaporation. Ce séchage se fait en frictionnant le thorax du chiot à l’aide d’un linge doux et sec. Le léchage de la mère a, quant à lui, un effet stimulant sur le chiot.
Les chiots sont incapables de réguler eux-mêmes leur température corporelle et sont très sensibles au froid du fait que leur tissu hypodermique est dépourvu de graisse et très important par rapport à leur poids. Par ailleurs son réflexe de frisson n’apparaît qu’au bout d’une semaine. Cela explique pourquoi les chiots ont tendance à se blottir les uns contre les autres pour rechercher la chaleur. Durant les 15 premiers jours de leur vie ils sont dépendants de la température extérieure (poïkilothermes).
A la naissance, la température du chiot se situe entre 35,5° et 36,5° pour atteindre 38° vers l’âge de trois semaines. A partir de 35° ou moins, le chiot n’est plus capable de téter seul et il perd son réflexe de succion. Il est donc inutile de chercher à nourrir un chiot en hypothermie : il faut d’abord le réchauffer. En dessous de 34° le chiot est rejeté par sa mère mais la situation est réversible jusqu’à 22° même si le chiot n’a plus aucune réaction.
Une simple surveillance de la température de la maternité suffit à éviter de telles hypothermies. A la naissance la température idéale se situe autour de 31° et devra baisser progressivement jusqu’à atteindre 22° vers trois semaines. Le réchauffement d’une maternité doit surtout être progressif et non brutal. Il importe de laisser à la mère une possibilité de se soustraire à cette chaleur lors de la première semaine si l’on constate des signes d’intolérance à la chaleur (polypnée, halètement, rétention lactée).
3) Réhydratation :
Le chiot est prédisposé à la déshydratation du fait que l’eau constitue 82 % de son poids, et que sa surface cutanée est importante par rapport à son poids. Par ailleurs ses reins sont totalement immatures. Il en résulte que l’hygrométrie d’une maternité doit se situer entre 55 % à 65 %. Les lampes infrarouges ont tendance à dessécher l’atmosphère et pour des chiots en difficulté et qu’il faut réchauffer, il faut préférer des bouillottes quand l’hygrométrie parait insuffisante. D’une façon générale, ce type de lampe ne se conçoit que si l’hygrométrie est parfaitement contrôlée.
A l’opposé une hygrométrie excessive est à proscrire car elle facilite le développement des germes. Pour l’hygrométrie il est conseillé d’utiliser une grosse éponge imbibée d’eau. Un chiot déshydraté cesse de se nourrir et est rejeté par sa mère. La persistance du pli cutané et surtout la perte de poids de plus de 10 % dans les premières 24 h sont un signe de déshydratation. Il convient d’administrer un biberon d’eau sucrée ou, si cela s’avère impossible, d’injecter du sérum physiologique isotonique par voie sous cutanée (1 ml/30 g de poids corporel).
4) Nourrir pour éviter l’hypoglycémie :
Le chien adulte dispose d’importantes
réserves de graisse et peut résister à un jeûne
prolongé ce qui n’est pas le cas du chiot nouveau-né,
surtout dans la première semaine de sa vie et surtout chez les
chiots de petites races.
Il est important que le chiot bénéficie de la production
lactée de sa mère qui constitue le meilleur aliment qui
puisse exister mais il faut que la production de lait soif suffisante
et de bonne qualité.
Quand la chienne n’a pas assez de lait ou a une portée trop nombreuse ou encore un lait toxique (syndrome du lait toxique) les chiots risquent de tomber en hypothermie, ce qui entraîne une faiblesse et une impossibilité de téter. Il est alors indispensable que le vétérinaire mette un traitement en place. Si la perte de poids dépasse 10 % le premier jour il est nécessaire de recourir à l’allaitement artificiel dès lors que le chiot n’a pas repris son poids de naissance le 2ème jour. Il faut, préalablement, s’assurer que le chiot n’est pas en hypothermie, ce qui affecte son réflexe du succion et créé un risque important de fausse route. Le lait maternisé devra avoir une composition aussi proche que possible du lait maternel (cf. tableau)
Lors de la naissance, il est vivement conseillé de diriger les chiots vers la mamelle pour hâter la prise de colostrum dans les 36 premières heures. 95 % des immunoglobulines proviennent du colostrum. Ces immunoglobulines ont la particularité d’être absorbées dans leur intégralité par l’intestin grêle du chiot mais ce phénomène n’est limité qu’à quelques heures, voire quelques jours d’où l’importance pour le chiot de téter immédiatement même si la mère semble avoir peu de lait. Ce colostrum, un peu plus clair que du lait est déterminant pour permettre la digestion des protéines et pour protéger le chiot jusqu’aux premières vaccinations et avant qu’il ne construise son propre système immunitaire. Il existe du colostrum congelé à administrer au chiot si la mère ne peut en fournir.
En résumé, les premières
heures de la vie du chiot sont extrêmement importantes et le taux
de mortalité est souvent dû à des gestes inappropriés
ou encore de laisser faire la nature.
Certains gestes simples et adaptés pourraient permettre de réduire
très sensiblement ce taux de mortalité qui est statistiquement
très important.
Lait de chienne | Lait de vache | ||
% |
g/Mcal EM |
g/Mcal
EM |
|
Matière sèche | 22 |
||
Protéines | 7,5 |
58 |
51 |
Lipides | 9,0 |
70 |
58 |
Cendres brutes | 1,2 |
9 |
11 |
Amidon | 0 |
0 |
0 |
Lactose | 4,0 |
31 |
69 (+++) |
Calcium | 0,25 |
1,9 |
1,8 |
Phosphore | 0,19 |
1,5 |
1,4 |
Valeur énergétique | 129 kcal/100g* | 65,5 kcal/100g* |
Lait de chienne / lait de vache
*valeur calculée (4 –
4 - 9)
** valeur calculée et déduite (lactose) de la composition
analytique (source = DMV)
Ce tableau souligne le caractère inadapté du lait de vache,
trop « riche » en lactose et pas assez gras.
Distribution des repas
Le lait doit être reconstitué extemporanément dans
de l’eau tiède à chaude (40-50°C).
La durée maximale de conservation du lait reconstituée est
de 24 heures au réfrigérateur.
Les ustensiles doivent être nettoyés soigneusement et, éventuellement,
stérilisés.
Il faut éviter de provoquer une fausse déglutition en gavant
trop rapidement les chiots incapables de téter. Dans le cas présent,
il est nécessaire de pratiquer une intubation oesophagienne avec
une sonde flexible de type urinaire.
Le température de distribution du lait doit être de 37°C.
Nous adressons nos remerciements au Dr Philippe PIERSON qui a validé cet article
et l’a complété par le tableau ci-dessus, relatif à la composition du lait reconstitué.